Gustave-Auguste Jeanneret — Krigou Art - la collection de tableaux de Krigou Christian Schnider

2. Vie et formation

Dès l’enfance, il initie à la peinture avec son oncle, le professeur Georges Grisel (1811–1877). Il fait un apprentissage comme dessinateur industriel chez Zuber & Cie à Rixheim (Alsace) à partir de 1864, dans l’industrie du papier peint. En 1867, il rejoint Paris : il y conçoit des céramiques, étudie à l'Académie Suisse et fréquente les milieux artistiques.

3. Cours suivis et expériences

Formation initiale auprès de son oncle, puis apprentissage technique (Zuber). À Paris, ateliers libres, Études à l'Académie Suisse, Salons dès 1876. Engagement politique : membre de la Première Internationale, de la Fédération jurassienne, proche de James Guillaume, soutien aux Communards. Il aide notamment à faire passer des passeports falsifiés.

4. Style et influences

Ses paysages sont influencés par l’école de Barbizon et des peintres comme Corot et Daubigny, avec des effets de lumière aérienne. Paris l’a confronté au réalisme engagé de Courbet, qu’il embrasse. Il cherche à établir en Suisse une peinture moderne, nourrie de Courbet, Corot, Bastien-Lepage, symbolisme, Monet, et des talents suisses comme Hodler. Scènes rurales, travail paysan, nature morte – souvent empreintes d’un réalisme social et d’un certain moralisme classicisant.

5. Technique et représentations

Large gamme : paysages lacustres et alpins, scènes rurales, natures mortes (comme Roses exposé ici). Grands formats et compositions ambitieuses (ex. Les Pressureurs, Les Glaneuses, Les Vignerons) où figure humaine et geste paysan dominent visuellement. Scènes dramatiques et allégoriques (ex. Soldat mort, Sans espoir) : expressivité intense, force narrative.

6. Importance et engagement

Il est commissaire au département d’art suisse à l’Exposition universelle de Paris (1889), puis entre à la Commission fédérale des Beaux-Arts (1901–1905), dont il préside la section en 1903–1904. Président de la Société des peintres et sculpteurs suisses, il initie une caisse de secours pour artistes, et fonde en 1919 la Fédération suisse des travailleurs intellectuels. Après sa mort, il tombe dans l’oubli, avant d’être redécouvert lors d’une rétrospective en 1998 au Musée d'Art et d'Histoire de Neuchâtel.

Conclusion

Gustave Jeanneret se distingue comme un artiste engagé, à la fois peintre réaliste et militant culturel. Sa peinture retrace le souffle de la modernité en Suisse, mêlant scènes rurales puissantes et préoccupations sociales, soutenue par des institutions artistiques qu’il contribua à structurer. Sa redécouverte récente tient à son double statut d’artiste créateur de paysages sensibles et d’architecte discret mais influent de la vie culturelle suisse.