Robert Walser (1878–1956) est un écrivain suisse de langue allemande, figure singulière et profondément influente de la littérature moderne. Sa vie comme son œuvre sont marquées par une fragilité extrême, une modestie radicale, et une sensibilité aiguë aux détails du quotidien.

Le marché déborde comme une vague humaine, brassée par le vent froid de décembre.

Le canal s’ouvrait comme un long serpent calme, tirant derrière lui son parfum d’eau trouble. J’étais petit, si petit que ma canne à pêche paraissait presque un mât de bateau.

Dans la forêt immobile, les troncs se dressent comme des gardiens de braise, colosses roussis par le froid, sculptés dans un souffle de vent glacé.

Dans la nuit bleu profond, un chien repose, bercé par les couleurs du monde. Sa fourrure, pétrie de rouges tièdes et d’ocres lumineux, respire doucement comme une braise qui refuse de s’éteindre.

La ville retient son souffle. Sous la pluie de feu qui lacère l’horizon, les immeubles dressent leurs silhouettes sombres comme des prières impossibles.

Dans la montée poudrée de silence, deux silhouettes enfantines avancent vers la lumière nacrée du matin.

La peinture se présente comme un grand rectangle vertical dont les bords sont baignés d’un rouge profond, presque brun, qui enferme la scène dans une sorte de halo brûlant.

Le fleuve roule sous le ciel lourd, portant dans son bleu des fragments d’histoire et d’oubli. Sur le pont, les silhouettes glissent comme des ombres éveillées : chapeaux penchés, manteaux tirés, regards fuyants.

À travers l’onde mouvante, un soupir de lumière s’élève. Les tiges jaunes — fines, indociles — traversent la surface comme des pensées soudain révélées.

Sous le ciel pâle d’un matin retenu, la ville respire comme un souvenir. Les façades se penchent, fragiles et dorées, telles des pages anciennes que l’on feuillette du bout des doigts.

Sous un ciel mouvant, la chaîne majestueuse se dresse, vaste cathédrale de pierre striée de neiges éternelles.

Les montagnes, drapées de pourpre et de neige, se dressent comme des géantes assoupies sous un ciel qui rosit doucement, empli de lumière diffuse.

Sous un fond d’or vibrant, les fleurs semblent se réveiller à la lumière. Les pétales violets respirent la brise du matin, tandis que les jaunes, ronds et chaleureux, irradient une douceur solaire.

La vache repose, lourde et tranquille, comme un fragment de terre qui aurait pris chair. Son regard absent, tourné vers l’horizon, semble écouter le silence vibrant des montagnes.