Erma Barrera‑Bossi (née Erminia Bosich) est née à Pula (près de Trieste) en 1875 ou 1882/85 selon les sources.
Elle fréquente le Liceo Femminile de Trieste dès l’enfance, puis rejoint en 1905 l’Académie des dames à Munich, liée à l’Association des Artistes Femmes. En 1909, elle intègre la Neue Künstlervereinigung München (NKVM) aux côtés de Gabriele Münter, Wassily Kandinsky, Jawlensky et Werefkin, et séjourne à Murnau en été, participant aux premières expositions collectives du groupe.
Elle signe ensuite Erma Barrera‑Bossi — une adoption symbolique du nom du ténor Carlo Barrera, son compagnon, signe de leur attachement profond, bien qu’elle ne se soit jamais mariée.
Installée à Paris vers 1911, elle travaille dans l’atelier de Paul Sérusier et expose au Salon d’Automne et au Salon des Indépendants jusqu’à la Première Guerre mondiale. Après le conflit, elle s’installe à Milan où elle participe aux manifestations du Novecento dans les années 1920 et est invitée à la Biennale de Venise en 1930 et 1935. Elle meurt à Cesano Boscone (banlieue milanaise) en 1952.
🖌️ Cours suivis et influences
Elle suit des cours probables à l’Académie d’Anton Azbé et Heinrich Knirr à Munich, où émergent les idées expressionnistes et abstraites. Son réseau artistique la met en contact direct avec Kandinsky, Münter, Jawlensky… elle est représentée dans une peinture de Münter près de Kandinsky à Murnau. En France, elle admire les Nabis, Cézanne, Seurat, Matisse et Derain, dont elle puise la simplification formelle et l’usage audacieux de la couleur. Une toile comme Unter Palmen rapproche son style de celui de Gauguin.
🎨 Style et technique
Le style de Barrera‑Bossi est marqué par une simplification formelle progressive : sujets réduits à de grandes formes colorées, palette vive, accords chromatiques festifs, mais harmonieux. Elle mêle expressionnisme allemand (NKVM / Blaue Reiter) et modernisme français, oscillant entre figuration stylisée et abstractions lyriques. Ses techniques incluent la peinture à l’huile, des aquarelles (notamment à Paris en 1915), et parfois des gouaches. Elle réinterprète les motifs du quotidien — cafés, personnages, paysage — avec une sensibilité nouvelle et une réduction expressive.
🌍 Importance dans l’histoire de l’art
Même si elle ne fut pas considérée comme véritable avant‑gardiste, Barrera‑Bossi est un maillon essentiel du Modernisme européen, reliant les mouvements allemands d’avant-garde aux avant-gardes françaises. La redécouverte de son œuvre débute en 2013 grâce à l’exposition au Schlossmuseum de Murnau, qui remet en lumière son rôle dans la naissance de l’expressionnisme allemand. Elle figure aujourd’hui dans les collections du Lenbachhaus de Munich, de la Pinakothek der Moderne, de la Kunsthalle Bremen ou Emden.
✅ Conclusion
Erma Barrera‑Bossi incarne une figure singulière de la modernité artistique : intimement liée aux pionniers du Blaue Reiter, influencée par les modernistes français et capable de créer un langage visuel propre, où la couleur et la forme dialoguent avec intensité expressive. Son parcours, entre Trieste, Munich, Paris et Milan, témoigne d’un engagement cosmopolite et créatif. Bien que longtemps méconnue, elle est désormais reconnue comme un pont discret mais solide entre expressionnisme germanique et modernisme occidental — une voix féminine et émancipée dans les arcanes d’un art en transition.

Intérieur avec trois personnages dans le café

Bateaux dans le canal

Cirque, 1909

Danseuses

Intérieur avec lampe, 1909

Nature morte à la carafe, 1912

Usine au bord du canal. Huile sur carte signée en bas à gauche, datée 1935