Christian Rohlfs — Krigou Art - la collection de tableaux de Krigou Christian Schnider

Vie et formation

Rohlfs montre très tôt un talent pour le dessin. Il intègre l’Académie des Beaux-Arts de Weimar en 1870, où il est formé dans une approche académique réaliste. Pendant de nombreuses années, il reste influencé par l’école de Weimar et le naturalisme. Une maladie à la jambe en 1874 le contraint à peindre depuis son lit, ce qui n’entrave pas son développement artistique.

C’est dans les années 1880-1890 qu’il commence à s’émanciper du style académique, découvrant l’impressionnisme et le post-impressionnisme. Il s’intéresse alors à l’utilisation expressive de la couleur, influencé par des peintres comme Vincent Van Gogh et Paul Cézanne.

Évolution artistique et influences

Le tournant décisif de sa carrière a lieu lorsqu’il découvre l’expressionnisme au début du XXe siècle. En 1901, il s’installe à Hagen où il rencontre Karl Ernst Osthaus, fondateur du Museum Folkwang, qui le soutient et l’encourage à expérimenter de nouvelles techniques. Il se rapproche alors du groupe Die Brücke et de l’expressionnisme allemand.

Ses influences sont variées :

L'impressionnisme et le post-impressionnisme, notamment Monet et Cézanne, pour leur travail sur la lumière et la couleur.
Van Gogh, dont la touche énergique et le chromatisme intense marquent profondément Rohlfs.
L'expressionnisme, avec des artistes comme Emil Nolde et Ernst Ludwig Kirchner, qui lui inspirent une approche plus libre et instinctive.

Style et technique

Rohlfs est connu pour sa transition radicale entre un naturalisme doux et un expressionnisme vibrant. Ses œuvres utilisent des couleurs pures et intenses, appliquées en larges touches dynamiques. Il travaille principalement à l’huile mais expérimente aussi l’aquarelle et la gravure sur bois, adoptant un style plus brut et direct.

Son coup de pinceau devient plus nerveux et ses formes plus stylisées avec le temps. Il privilégie la simplification des formes, l’exagération des contours et un contraste marqué entre les couleurs. Il utilise aussi des éléments symboliques et mystiques, notamment dans ses œuvres tardives.

Importance dans l’art

Christian Rohlfs est l’un des peintres expressionnistes majeurs d’Allemagne, bien qu’il soit parfois moins connu que ses contemporains comme Kirchner ou Nolde. Son apport principal réside dans sa capacité à fusionner les influences impressionnistes et post-impressionnistes avec l’intensité émotionnelle de l’expressionnisme. Son œuvre, largement diffusée, a influencé de nombreux artistes du XXe siècle.

Cependant, sous le régime nazi, son art est déclaré "dégénéré" en 1937, et ses œuvres sont retirées des musées. Il meurt un an plus tard, en 1938, après avoir laissé une œuvre riche et variée qui traverse plusieurs courants majeurs de l’art moderne.

Son impact demeure fort dans l’histoire de l’art allemand, et ses peintures sont exposées dans de nombreux musées, notamment au Museum Folkwang à Essen.

Après l'exposition des nazis consacrée à l'« art dégénéré » à Munich en 1937, de nombreuses œuvres de Christian Rohlfs sont confisquées, parmi lesquelles environ 450 travaux qui se trouvent au musée Christian-Rohlfs à Hagen (de nos jours musée Karl Ernst Osthaus). L'artiste est interdit de peindre et il est exclu de l'académie prussienne des arts le 7 janvier 1938, un jour avant sa mort.

Anecdote

Christian Rohlfs n’était pas exactement connu pour ses frasques humoristiques, mais voici une petite anecdote qui pourrait te faire sourire.

On raconte qu’à un âge avancé, alors qu’il était déjà un artiste reconnu, Rohlfs a dû quitter son domicile en catastrophe… à cause d’un simple chaton. Ce dernier, adoptant visiblement une approche très expressionniste de la vie, s’amusait à plonger ses petites pattes dans la peinture fraîche des toiles de l’artiste et à semer le chaos dans son atelier. Exaspéré mais amusé, Rohlfs aurait déclaré :

"Cet animal est un critique d’art bien trop moderne pour moi !"

Finalement, plutôt que de punir le chat, il l’aurait laissé continuer, persuadé que la bête y mettait autant d’émotion que lui. Peut-être un des premiers cas de collaboration involontaire entre un peintre et un félin !