Elle a fermé les yeux, non pour fuir le monde, mais pour mieux le sentir. Son visage, incliné vers l’intérieur, respire la paix des âmes lucides.
Dans la nuit bleue où elle se tient, tout bruit devient lumière. Ses boucles, petites constellations d’or, captent le murmure du jour — mais c’est l’ombre qui la révèle, l’ombre qui la sculpte. Un éclat d’ambre à l’oreille, un anneau pâle au doigt : autant de soleils contenus dans le silence de sa pose. La main repose, suspendue entre le geste et la pensée. On dirait qu’elle retient un mot avant qu’il ne devienne prière. Chaque pli du tissu vibre comme une onde tranquille, portant la mémoire d’une mer ancienne. Sous le calme apparent, un feu discret circule. Ce n’est pas la passion du cri, mais celle, plus rare, du consentement profond à soi-même. Ainsi, dans ce bleu dense et vibrant, elle est à la fois la nuit et la flamme, le repos et la veille, le silence et son chant intérieur.
Digital Painting, d'après une photo de Yannis Guibinga