Simon Albert Bussy — Krigou Art - la collection de tableaux de Krigou Christian Schnider

Vie de Simon Albert Bussy

Simon Albert Bussy est né en 1870 à Dole, dans le Jura, en France. Il commence son parcours artistique à l'École des beaux-arts de Paris, où il se forme à la rigueur académique. C’est dans ce milieu qu’il rencontre de nombreux artistes influents de son époque, et notamment Henri Matisse, avec qui il partage une amitié durable.

En 1903, il épouse Dorothy Strachey, sœur de l’écrivain Lytton Strachey, figure du Bloomsbury Group en Angleterre. Ce mariage va l’ancrer dans les cercles intellectuels britanniques, sans pour autant couper ses liens avec la scène artistique française. Il passe une grande partie de sa vie entre Paris et Roquebrune-Cap-Martin, sur la Côte d’Azur, où il finit par s’installer.

Cours et formation artistique

Bussy est un élève appliqué de l’École des beaux-arts, où il suit l’enseignement de Gustave Moreau, maître symboliste réputé. Moreau influence profondément ses premiers travaux, lui transmettant une exigence de raffinement formel et de rigueur dans le dessin. Il se distingue rapidement par la finesse de son trait et une sensibilité particulière aux nuances.

Style artistique

Le style de Simon Bussy est délicat, précis, intimiste. Il se spécialise dans le portrait, qu’il traite avec une sobriété élégante, et dans la peinture animalière, qu’il aborde de façon presque contemplative. Contrairement aux tendances avant-gardistes de ses contemporains, Bussy reste attaché à une forme de classicisme modernisé : ses lignes sont épurées, ses couleurs sobres mais raffinées.

Il travaille souvent au pastel, une technique qu’il maîtrise avec virtuosité, lui permettant de capturer la douceur des visages ou le plumage chatoyant d’un oiseau. On sent dans son travail une volonté de saisir l’âme discrète des êtres, humains ou animaux.

Influences

Outre Gustave Moreau, Bussy est influencé par les milieux littéraires et artistiques qu’il côtoie, notamment en Angleterre. Sa proximité avec le groupe de Bloomsbury (Virginia Woolf, Duncan Grant, Vanessa Bell, etc.) l’ancre dans une sphère où l’art, la littérature et la philosophie s’entremêlent. Cependant, il garde une certaine distance avec les mouvements modernistes radicaux, préférant un art plus personnel, poétique et introspectif.

Il est aussi marqué par la nature et les paysages méditerranéens, qu’il observe avec un œil tendre et minutieux, particulièrement dans ses peintures d’animaux.

Technique

Simon Bussy est avant tout un dessinateur exceptionnel. Ses portraits sont souvent réalisés au pastel, technique exigeante qu’il utilise avec une grande subtilité. Il atteint dans ses œuvres une harmonie rare entre le dessin et la couleur, entre la précision et la poésie. Ses portraits ne cherchent pas le spectaculaire, mais plutôt une sorte d’intimité silencieuse, presque méditative.

Il crée aussi des paysages et des études d’animaux, notamment d’oiseaux exotiques, qu’il peint avec une patience d’orfèvre, souvent inspiré par les jardins botaniques ou les volières.

Importance dans l’histoire de l’art

Même s’il reste aujourd’hui en marge des grands récits de l’histoire de l’art moderne, Simon Bussy occupe une place singulière. Il représente une forme de résistance douce à l’agitation des avant-gardes, en affirmant un art du silence, de la concentration, de l’observation.

Ses œuvres sont appréciées pour leur délicatesse, leur intelligence et leur profondeur. Il incarne une voie intimiste et humaniste, dans laquelle le sujet – qu’il soit un intellectuel, un ami ou un animal – est toujours traité avec dignité et respect.

Conclusion

Simon Albert Bussy est un peintre du murmure plus que du cri. Dans un siècle bouleversé par les révolutions artistiques, il trace une route discrète mais cohérente, fidèle à une vision de l’art comme quête intérieure et hommage à la beauté silencieuse du monde. Son œuvre, à redécouvrir, nous rappelle que la délicatesse peut être une forme de force, et que l’art peut toucher profondément sans jamais élever la voix.