Rudolf Zender

Rudolf Zender

Vendredi, 26 Avril 2024

Rudolf Zender, peintre, graphiste et dessinateur, a été l'élève de Roger Bissière à Paris et d'Ernst Ludwig Kirchner à Davos. Il est né le 27 juin 1901 à Rüti et il est décédé le 24 novembre 1988 à Winterthur.

Rudolf Zender décrit par son fils

J'écris ces lignes en France. Que de souvenirs me lient à ce pays par l'intermédiaire d'un père ! En 1924, Rudolf Zender descendit du train à la gare de l'Est avec la grande locomotive à vapeur et sut que Paris était sa ville, que la lumière de l'Île-de-France était la lumière idéale pour sa peinture. C'est à l'âge d'environ 10 ans que j'ai rendu visite à mon père pour la première fois dans son petit appartement près de la Porte d'Orléans ("Mais tu habites très simplement ici", disait la bouche de l'enfant). Plus tard, il m'a fait visiter le Louvre - comme de nombreux visiteurs venus de Suisse - et m'a appris à regarder les tableaux avec ses yeux. Ses endroits préférés autour de Notre-Dame et St-Julien-le-Pauvre sont encore aujourd'hui des promenades que j'aime revivre.

Pour sa peinture, RZ souhaitait le calme et la concentration. Le matin, il prenait sa boîte de peinture et une toile sous le bras, montait dans le métro et se rendait à son lieu de travail, au bord de la Seine ou ailleurs. À midi, il mangeait un beefsteak dans un simple bistrot (commentaire : "Mon vieux, ne me tombe pas dans le picassisme !") et l'après-midi, le travail continuait.

Les soirées n'apportaient pas non plus de distraction, à part la littérature française ou la philosophie. C'est sans téléphone ni télévision qu'il se sentait le mieux (l'administration fiscale française le lui rendait bien en le plaçant dans la tranche d'imposition la plus basse). Mais grâce à la lecture régulière du "Monde", il était toujours bien informé sur l'actualité.

Après la Seconde Guerre mondiale, Zender avait organisé sa vie de peintre de manière à pouvoir vivre exclusivement de son travail à Paris, ou occasionnellement en Italie ; en Suisse, il organisait alors des expositions, rendait visite à des collectionneurs et exécutait des commandes dans l'atelier de lithographie Wolfsberg à Zurich ("Quand je quitte la Suisse avec ses mille obligations, je quitte le temps mesuré et vis-en "dehors", tout content de ne connaître qu'une seule chose : la peinture").

Selon ses propres dires, 1974 a été une année particulièrement productive ; de grands formats avec vue sur les toits de Paris ont vu le jour. Un homme de 73 ans, sans cesse en proie à des problèmes de dos, vivait pleinement ses visions picturales.

En 1980, son appartement-atelier bien-aimé de la rue Beaunier lui a été retiré ; il avait également du mal à monter les six étages de la vieille maison sans ascenseur. Le retour en Suisse fut difficile pour lui. Pourtant, les bons jours, il réalisait des toiles représentant le vert clair du paysage zurichois ou des aquarelles dans la ville hivernale d'Ascona.

Parmi mes premiers souvenirs figurent des scènes de café du dimanche midi, où la fumée de la Gauloise bleue s'élevait en petits anneaux vers le plafond de la chambre, pour le plus grand plaisir du garçon.

Dans les notes des premiers tableaux de la banlieue parisienne, on trouve des rencontres avec Blaise Cendrars. Celui-ci l'a mis en garde contre le fait de faire le portrait de femmes tziganes dans les simples cabanes, c'était bien trop dangereux. Le chemin parcouru depuis l'effervescence artistique des années 1930 jusqu'aux grandes toiles de 1974, en passant par les questions d'abstraction après la Seconde Guerre mondiale, ne reflète pas seulement un pan de l'histoire de l'art du 20e siècle, mais peut également être considéré comme une image impressionnante de la "condition humaine".



Source :

https://www.rudolf-zender.ch
https://recherche.sik-isea.ch/fr

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