Né à Pontarlier en 1895 dans une famille d’hôteliers d’origine paysanne, Robert Fernier est issu d’un milieu modeste, mais profondément ancré dans le paysage jurassien.
Vie et études
Il commence ses études artistiques à l’École des Beaux-Arts de Dijon, avant de rejoindre l’atelier prestigieux de Fernand Cormon à Paris, où il côtoie un apprentissage exigeant. Parallèlement, il étudie auprès de Gustave Courtois, qui lui transmet une rigueur dans le dessin et le portrait.
Mobilisé dès 1914, il fait une guerre exemplaire sur plusieurs fronts, reçoit la Croix de guerre et la Médaille militaire, puis reprend ses études à l’atelier de Cormon jusqu’en 1924.
Style et influences
Robert Fernier s’impose d’abord comme peintre de la Franche-Comté, et plus particulièrement de la neige : paysages jurassiens, scènes rurales, troupeaux, bords du Doubs… autant de motifs qu’il traite avec une peinture figurative empreinte de réalisme régional. Son attachement au pays est souvent rapproché de celui de Gustave Courbet, dont il deviendra le défenseur acharné.
Voyages et évolution de la palette
À partir de 1949, il entreprend de nombreux voyages vers le Maghreb (Maroc, Algérie), puis vers Madagascar, les Comores, La Réunion, et enfin la Polynésie (dès 1962), à la recherche des origines de son épouse. Ces séjours exotiques bouleversent sa palette : la lumière se fait plus vive, les couleurs plus éclatantes, contrastant fortement avec les bleus froids des paysages jurassiens.
Technique et production
Robert Fernier est un peintre figuratif pur, travaillant souvent sur le motif, parfois avec des photographies comme support. Il réalise principalement des huiles sur toile ou panneau, ainsi que de nombreux dessins. Il laisse derrière lui un corpus impressionnant d’environ 4 000 œuvres — peintures et dessins — conservées dans des musées en France, en Suisse, en Belgique, aux États-Unis, ainsi que des collections privées.
Implication dans l’art et héritage
Au-delà de son œuvre, Fernier fut un animateur de la scène artistique régionale. En 1924, il fonde le Salon des Annonciades à Pontarlier, alors l’une des principales manifestations artistiques du centre-est de la France. En 1938, il fonde la Société des Amis de Gustave Courbet, dont il devient président. Grâce à son action, le Musée Courbet est créé en 1971 à Ornans dans la maison natale du maître réaliste.
Lorsque sa vue décline à partir de 1969, incapacitant toute pratique picturale, Fernier se consacre à l’élaboration du catalogue raisonné de l’œuvre de Courbet, un travail monumental qu’il lègue à la postérité.
Conclusion
Robert Fernier incarne l’alliance rare entre création artistique profondément enracinée (son Jura natal, "peintre de la neige") et ouverture au monde (ses voyages exotiques qui élargissent sa palette et sa sensibilité). Sa rigueur technique, héritée de ses maîtres, devient l’outil d’une figuration poétique des paysages, des coutumes et des lumières.
Son influence dépasse ses toiles : fondateur de salons, défenseur de Courbet, archiviste des œuvres du maître… son action institutionnelle assure sa permanence dans l’histoire de l’art franc-comtois. Robert Fernier est ainsi une figure charnière — artiste, historien, passeur — dont l’œuvre et l’engagement demeurent essentiels à la mémoire régionale et à la valorisation du patrimoine artistique.

Soleil d'hiver, vallée de la Loue, 1957

Neige à St.Brais, 1957

Fermes Comtoises sur le plateau de Gilley

Fermes saugettes aux Arces, 1961

Hiver dans le Jura

La Loue à Mouthier, 1958

Neige de janvier, 1962

Neige grise (Rémonot), 1966

Pont de Vuillafans, septembre 1950

Bords du Doubs, 1948
Sources :