Rivage

Je me trouvais au bord de l’eau sans raison particulière, ce qui est souvent la meilleure des raisons. Le lac était là, appliqué, sérieux, occupé à refléter le ciel avec une certaine bonne volonté, bien qu’on sente qu’il aurait préféré ne rien faire du tout.
À gauche, un arbre se penchait légèrement, comme quelqu’un qui écoute une conversation sans vouloir y participer. Je le compris aussitôt. Il n’avait pas l’air pressé. Les arbres n’ont pas de rendez-vous, pensai-je, et cette pensée me soulagea.

Les montagnes au loin semblaient avoir été posées là par distraction. Elles étaient bleues, mais pas d’un bleu insistant. Un bleu qui ne revendique rien. Je me dis que si j’avais été montagne, j’aurais choisi cette couleur exacte, afin de ne pas attirer l’attention inutilement.

Je restai longtemps debout. Le lac continuait ses petites vagues, chacune très sérieuse, chacune persuadée d’être indispensable, puis disparaissant aussitôt. Cela me parut une excellente manière de vivre.

Je songeai brièvement à repartir, puis je jugeai cette pensée excessive. Partir est une action compliquée, rester est beaucoup plus simple, et la simplicité me sembla soudain une forme de sagesse très accessible.

Finalement, je ne fis rien. Le paysage ne me demanda rien non plus. Nous étions d’accord. Et cet accord silencieux me donna l’impression, modeste mais certaine, d’avoir réussi ma journée.

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