Le fleuve roule sous le ciel lourd, portant dans son bleu des fragments d’histoire et d’oubli. Sur le pont, les silhouettes glissent comme des ombres éveillées : chapeaux penchés, manteaux tirés, regards fuyants.
Chacun chemine avec son secret, une pensée cachée derrière la couleur brute de son visage.
La ville, au loin, se dresse en un murmure de lumières — un long couloir de façades où la vie s’entête à brûler. Pourtant, ici, le temps hésite. Un souffle de vent, une hésitation, et le monde semble à la lisière d’un poème.
La femme au manteau vert retient quelque chose : un souvenir trop lourd, ou peut-être une simple fatigue. L’homme au chapeau écoute le fleuve comme on écoute une voix intérieure. Les passants se croisent mais ne se rencontrent pas ; ils laissent derrière eux des traînées d’âme, comme si chaque pas ajoutait une nuance au paysage.
Et le pont, vaste témoin, recueille tout — la solitude, la tendresse muette, et la fragile beauté des êtres qui passent.
Digital Painting, réf. CS30125DP
Haïku
Pont d’un soir d’hiver
les visages vont et viennent,
le fleuve se tait.