"Les crépuscules dans cet enfer africain se révélaient fameux. On n'y coupait pas. Tragiques chaque fois comme d’énormes assassinats du soleil. Un immense chiqué. Seulement, c'était beaucoup d’admiration pour un seul homme. Le ciel pendant une heure paradait tout giclé d’un bout à l’autre d’écarlate en délire, et puis le vert éclatait au milieu des arbres et montait du sol en traînées tremblantes jusqu’aux premières étoiles. Après ça le gris reprenait tout l’horizon et puis le rouge encore, mais alors fatigué le rouge et pas pour longtemps. Ça se terminait ainsi. Toutes les couleurs retombaient en lambeaux, avachies sur la forêt comme des oripeaux après la centième. Chaque jour sur les six heures exactement que ça se passait. Et la nuit avec tous ses monstres entrait alors dans la danse parmi ses mille et mille bruits de gueules de crapauds. Céline, Voyage au bout de la nuit" CS2822 – huile 40 × 40 - Retouches effectuées le 04/02/2025
Le crépuscule des amoureux
Les toits s’étirent dans l’ombre tendre,
Sous un ciel d’ocre et de braise,
Les arbres dansent, fiers à défendre
Le feu fragile du jour qui baisse.
Les vents caressent les façades,
D’un soupir d’or et de carmin,
Tandis qu’au loin, dans l’esplanade,
Deux silhouettes se tiennent la main.
Des oiseaux fendent le silence,
Messagers d’un soir en partance,
Et la lumière, en un soupçon,
Griffe le ciel d’un dernier nom.
Ô soir ardent, ô flamme brève,
Tu peins les rues d’un doux mystère,
Et dans la ville qui s’achève,
Brûle encore un reste d’éclair.