Yayoi Kusama — Krigou Art - la collection de tableaux de Krigou Christian Schnider

La vie de Yayoi Kusama

Yayoi Kusama est née en 1929 à Matsumoto, au Japon. Dès son plus jeune âge, elle souffre d'hallucinations visuelles et auditives, qu’elle décrit comme des motifs de points et de filets envahissant son champ de vision. L’art devient très tôt pour elle une forme de thérapie. Opposée aux conventions de la société japonaise traditionnelle et confrontée à une mère autoritaire, elle décide de partir aux États-Unis en 1957, s’installant à New York, où elle connaîtra une carrière fulgurante dans les années 60.

Les cours suivis et la formation

Kusama commence sa formation artistique dans une école de peinture traditionnelle japonaise à Kyoto, mais elle rejette rapidement cette approche académique. Elle est autodidacte dans bien des domaines, puisant son inspiration dans l’avant-garde occidentale. Son déménagement aux États-Unis marque un tournant : elle se forme au contact direct de la scène artistique new-yorkaise, échangeant avec des figures comme Andy Warhol, Claes Oldenburg et Donald Judd.

Le style et l’univers visuel de Kusama

Le style de Kusama est immédiatement reconnaissable : une obsession des pois (ou « polka dots »), des filets, des formes organiques et répétitives, et une profusion visuelle souvent psychédélique. Son œuvre brouille les frontières entre peinture, sculpture, performance et installation.

Elle crée notamment des « Infinity Mirror Rooms », des installations immersives faites de miroirs et de lumières qui plongent le spectateur dans une sensation d'infini, et des sculptures biomorphiques molles, souvent recouvertes de pois.

Les influences

Kusama s’inspire autant de l’avant-garde européenne (le surréalisme, l’art brut) que des mouvements américains comme le minimalisme, le pop art et le happening. Elle admire les artistes comme Georgia O’Keeffe (avec qui elle correspond dans sa jeunesse), mais elle reste très critique envers le monde de l’art dominé par les hommes blancs, affirmant sa singularité et sa voix propre.

Ses hallucinations récurrentes sont également une source majeure d’inspiration : pour elle, l’art n’est pas seulement un moyen d’expression, c’est une nécessité vitale, un moyen de « dissoudre » son ego dans l’univers.

Technique artistique

Kusama travaille avec une extrême rigueur et une répétition obsessionnelle. Elle utilise des motifs simples (points, filets, tentacules) mais les développe à une échelle monumentale. La répétition, dans son travail, devient une forme de méditation. Elle emploie aussi des matériaux variés : acrylique sur toile, objets recouverts de tissu ou de plastique, lumière, miroirs, etc.

Dans ses performances des années 60, elle peint des pois sur des corps nus dans l’espace public, dénonçant la guerre du Vietnam et les normes sociales oppressives.

L’importance de Yayoi Kusama dans l’histoire de l’art

Kusama est aujourd’hui une figure emblématique de l’art contemporain. Elle a brisé de nombreuses barrières : en tant que femme, artiste asiatique, et personne atteinte de troubles mentaux, elle a imposé son univers singulier dans un milieu artistique souvent exclusif.

Elle est aussi pionnière dans les pratiques immersives et participatives, influençant de nombreux artistes contemporains. Son œuvre, mêlant esthétique pop et profondeur psychologique, interpelle à la fois le regard et l’esprit.

Conclusion

Yayoi Kusama est bien plus qu’une artiste à l’univers visuel spectaculaire. Elle incarne une forme de résistance à la norme, une recherche acharnée de liberté intérieure, et un dialogue permanent entre le soi et l’infini. Son œuvre, à la fois intime et universelle, traverse les époques en invitant chacun à plonger dans une autre dimension, faite de beauté, d’obsession et de lumière.

Flower C, 2005