Le vent venait de la mer, franc et salé, comme un souffle qui aurait longuement voyagé. Il courait sur l’herbe grasse du plateau, y pliait les tiges, y froissait les couleurs, puis montait vers le ciel où les nuages, larges et légers, semblaient jouer à se poursuivre.
La petite église, sombre et droite, se tenait là depuis toujours. Elle regardait l’horizon sans curiosité, avec cette patience des choses habituées au passage des hommes et des saisons. Un sentier partait d’elle, mince cicatrice claire dans le vert, et conduisait vers la falaise, attirant le regard comme une promesse.
Plus loin, la terre s’interrompait brusquement. La falaise tombait dans la mer avec une gravité tranquille. L’eau, d’un gris mouvant, recevait cette chute sans bruit, indifférente et fidèle. On devinait, dans le va-et-vient des vagues, des siècles d’assauts inutiles et de recommencements obstinés.
Rien ne bougeait vraiment, et pourtant tout paraissait en marche. Le ciel glissait, l’herbe respirait, la mer travaillait lentement à effacer ce qu’elle ne parvenait jamais à prendre.
Alors, on comprenait que ce paysage n’était ni gai ni triste. Il était simplement vrai. Vaste, simple, éternel, comme ces pensées silencieuses qui viennent aux hommes lorsqu’ils se tiennent debout, seuls, face à la mer.
Huile sur papier, 30 × 40 - réf. CS0521
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