Pêcheur assis au bord de l'eau - réf. CS4323

Pêcheur assis au bord de l'eau - réf. CS4323

Mardi, 2 Décembre 2025

Le canal s’ouvrait comme un long serpent calme, tirant derrière lui son parfum d’eau trouble. J’étais petit, si petit que ma canne à pêche paraissait presque un mât de bateau.

Mon grand-père marchait à mes côtés, les mains dans les poches, déjà sûr que la matinée serait bonne — ou qu’elle le serait même si l’on ne prenait rien. Les péniches dormaient contre la berge, immenses, noires, couvertes de cordages et de traces de rouille. Certaines murmuraient encore, moteur tiède, comme si elles ruminèrent des histoires de fleuves lointains. D’autres, immobiles, semblaient garder leurs secrets sous la peinture écaillée.

J’aimais imaginer que des géants y habitaient, ou des familles nomades qui savaient parler aux rivières. Je m’asseyais au bord de l'eau, les jambes dans le vide, et le monde se mettait à rétrécir autour du flotteur rouge. Je me souviens du clapotis régulier, du reflet des péniches qui s’allongeait comme une traîne. De temps en temps, un marin apparaissait, casquette en arrière, un bonjour de la main, et la péniche se mettait à glisser, lente, majestueuse.

Le soleil jouait avec les rides du canal, mon grand-père allumait sa vieille pipe, me racontait comment, enfant, il venait ici lui aussi, dans le même calme, sous le même ciel pâle. Il riait de mes impatiences, corrigeait la position de mes doigts, et disait toujours : « La pêche, c’est un art qui apprend à écouter. L’eau te répondra, si tu sais attendre. » Et puis, parfois, le miracle. Une tirée légère, un frisson dans le fil, et mon cœur d’enfant battait comme s’il avait attrapé un monstre. Le poisson surgissait dans l’air, minuscule et argenté, et j’avais l’impression d’avoir conquis le monde. Grand-père le remettait à l’eau d’un geste doux : « Il grandira, et toi aussi. »

Aujourd’hui encore, quand je longe un canal, l’odeur d’algues froides et de gasoil tranquille me ramène à ce rivage. J’y revois l’enfant que j’étais, les pieds qui pendent, les péniches qui s’éloignent comme des rêves lourds, et ce vieil homme qui m’apprenait à attendre, à regarder, à aimer le silence.

Esquisse d'après une photo de Martine Libouton - Sérénité – réf. CS4323 - Acrylique sur carton 70 × 50

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