Otto Dix est né le 2 décembre 1891 à Untermhaus, en Allemagne. Issu d’un milieu ouvrier, il montre très tôt un talent artistique que sa mère, passionnée de littérature, encourage. En 1910, il entre à l’École des arts appliqués de Dresde, où il suit des cours jusqu’en 1914. L’éclatement de la Première Guerre mondiale change radicalement le cours de sa vie : il s'engage volontairement dans l’armée, une expérience traumatisante qui influencera profondément toute son œuvre.
Après la guerre, il retourne à Dresde, puis s’installe à Berlin. Il rejoint alors le mouvement Neue Sachlichkeit (Nouvelle Objectivité), qui marque un tournant décisif dans sa carrière. Artiste engagé, il est persécuté par le régime nazi, qualifié de « dégénéré », et écarté de la scène artistique officielle. Il meurt à Singen en 1969.
2. Les cours suivis et la formation
Sa formation commence à l’École des arts appliqués de Dresde, où il apprend les techniques classiques du dessin et de la peinture. Après la guerre, il poursuit ses études à l'Académie des Beaux-Arts de Dresde. Là, il approfondit sa connaissance de la peinture ancienne (notamment les maîtres allemands comme Grünewald ou Dürer), tout en s’ouvrant aux mouvements contemporains comme l’expressionnisme, le dadaïsme et plus tard le réalisme critique.
3. Style et influences
Le style d’Otto Dix est complexe et évolutif. Il commence par un expressionnisme très marqué, influencé par les horreurs de la guerre, puis glisse vers une forme de réalisme cru, souvent cruel, typique de la Nouvelle Objectivité. Il est influencé par :
- Les maîtres anciens : Dürer, Cranach, Grünewald – pour la précision anatomique et le symbolisme.
- Le dadaïsme : qu’il fréquente dans l’après-guerre, avec une tendance à la provocation et à la satire.
- La guerre : expérience fondatrice qui marque durablement sa vision du monde.
- La société de Weimar : avec ses excès, ses inégalités et ses contradictions, qu’il dépeint avec une lucidité implacable.
4. Techniques utilisées
Otto Dix maîtrisait un large éventail de techniques :
- Huile sur toile, avec des glacis superposés à la manière des maîtres anciens.
- Gravure : notamment la technique de la gravure sur cuivre à l’eau-forte, qu’il utilise pour des séries marquantes comme Der Krieg (La Guerre, 1924).
- Aquarelle et dessin : il réalise de nombreux portraits et croquis, souvent avec un souci de détail réaliste.
Il combine souvent une précision chirurgicale du trait avec une charge émotionnelle violente, créant des images aussi fascinantes que dérangeantes.
5. Importance dans l’histoire de l’art
Otto Dix est l’un des témoins les plus puissants du XXe siècle. Il incarne une mémoire visuelle de la guerre, mais aussi une critique acerbe de la société allemande de l’entre-deux-guerres. Son art est un miroir brut et sans fard des blessures physiques et morales de son époque. À travers lui, l’art devient un outil de dénonciation, de mémoire et de résistance. Même après la Seconde Guerre mondiale, il reste un artiste engagé, bien que plus introspectif.
Conclusion
Otto Dix est bien plus qu’un peintre : c’est un chroniqueur de la douleur humaine, un témoin des atrocités de son temps, un technicien brillant et un observateur implacable de la société. Sa capacité à allier maîtrise technique, engagement social et puissance expressive en fait l’un des artistes majeurs de l’art moderne. Il nous rappelle que l’art ne doit pas toujours être beau – il peut aussi être vrai, dérangeant, nécessaire.

The Skat Players, 1920

Couple d'amoureux âgés, 1923

Flandres, 1934

La guerre, 1924

Paysage, 1947

Portrait de la journaliste Sylvia Von Harden, 1926

Portrait de l'écrivain Max Frisch, 1967
Sources :
Otto Dix - 129 œuvres d'art - peinture