"Alors il fit une chose terrible et drôle : un chapelet de prisonniers, ou plutôt un chapelet de pendus. Il avait attaché solidement les deux poings du premier captif, puis il fit un nœud coulant autour de son cou avec la même corde qui serrait de nouveau le bras du suivant, puis s'enroulait ensuite à sa gorge. Nos cinquante prisonniers se trouvèrent bientôt liés de telle sorte que le moindre mouvement de l'un pour s'enfuir l'eût étranglé, ainsi que ses deux voisins. Tout geste qu'ils faisaient tirait sur le nœud coulant du col, et il leur fallait marcher d'un pas égal, sans s'écarter d'un rien l'un de l'autre, sous peine de tomber aussitôt comme un lièvre pris au collet."
Mohammed-Fripouille est une nouvelle publiée dans le quotidien Le Gaulois du 20 septembre 1884, puis dans le recueil Yvette.
Sur une terrasse dominant Alger, le capitaine Marret, ancien spahi, raconte une drôle d'affaire : l'expédition punitive du maréchal des logis Mohammed-Fripouille contre la tribu des Ouled-Berghi qui avait assassiné un voyageur anglais.

MOHAMMED-FRIPOUILLE
Extrait I
— Nous allons prendre le café sur le toit ? demanda le capitaine.
Je répondis :
— Mais oui, certainement.
Il se leva. Il faisait déjà sombre dans la salle éclairée seulement par la cour intérieure, selon la mode des maisons mauresques. Devant les hautes fenêtres à ogive, des lianes tombaient de la grande terrasse où l'on passait les soirées chaudes de l'été. Il ne restait sur la table que des fruits, des fruits énormes d'Afrique, des raisins gros comme des prunes, des figues molles à la chair violette, des poires jaunes, des bananes allongées et grasses, et des dattes de Tougourt dans un panier d'alfa…
Extrait II
Alors, il fit une chose terrible et drôle : un chapelet de prisonniers, ou plutôt un chapelet de pendus. Il avait attaché solidement les deux poings du premier captif, puis il fit un nœud coulant autour de son cou avec la même corde qui serrait de nouveau le bras du suivant, puis s'enroulait ensuite à sa gorge. Nos cinquante prisonniers se trouvèrent bientôt liés de telle sorte que le moindre mouvement de l'un pour s'enfuir l'eût étranglé, ainsi que ses deux voisins. Tout geste qu'ils faisaient tirait sur le nœud coulant du col, et il leur fallait marcher d'un pas égal, sans s'écarter d'un rien l'un de l'autre, sous peine de tomber aussitôt comme un lièvre pris au collet.
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