Maurice Sijs (également orthographié “Sys”), naît à Gand en 1880, fils d’un cordonnier. Dès 13 ans, il entre à l’Académie royale des beaux‑arts de Gand, où il se lie d’amitié avec les frères Gustave et Léon De Smet, figures majeures de l’art flamand.
🧑🎓 Vie et études
Il poursuit ensuite ses études à l’Institut supérieur des Beaux‑Arts d’Anvers (1893–1900), côtoyant des artistes comme Isidore Opsomer et Joe English.
Durant ces années, il fréquente la scène artistique en plein renouveau, particulièrement la communauté de Laethem-Saint-Martin, où il rejoint le second groupe de la fameuse colonie de Latem (1905–1923).
🖌️ Style et influences
Sijs évolue dans un climat impressionniste teinté de post‑impressionnisme. Les spectres lumineux, les couleurs vives et les atmosphères sensibles dominent ses marines, paysages, scènes de port, intérieurs, natures mortes et portraits.
L’influence d'Emile Claus, maître du luminisme belge, est perceptible dans ses jeux subtils de lumière « blonde » et ses rendus atmosphériques. Son lien avec les De Smet le place aussi à l’intersection du symbole et de l’expressionnisme naissant.
🧩 Technique
À ses débuts, Sijs utilise de larges touches, typiquement impressionnistes, qui modèlent la forme et la couleur. Autour de 1920, il affine sa facture : les touches deviennent plus précises, la couleur plus modulée, tout en conservant ce rendu lumineux.
Polyvalent, il travaille à l’huile, à l’aquarelle et au dessin, dessinant parfois sur papier à l’encre avec une grande finesse. Navigateur inspiré, il expose une fascination pour les bateaux et les reflets de l’eau, souvent peints depuis son atelier-flottant.
🎯 Parcours et reconnaissance
- En 1905, sa toile La Maison du passeur est acquise par l’État français lors de l’exposition universelle de Liège.
- Ses œuvres sont régulièrement exposées aux salons de Gand, Bruxelles, Liège (1912).
- Ses compositions de pêcheurs ou de bateaux, remportent aujourd’hui un franc succès dans les ventes publiques : enchères entre 3 000 et 17 500 € selon les pièces.
- Il illustre aussi la Suède – et ses paysages – ainsi que les ports flamands et hollandais, avec une présence muséale en Belgique, en France et aux Pays‑Bas.
Après des années de voyages et un séjour aux Pays-Bas durant la Première Guerre mondiale, Sijs revient à Gand en 1923, où il s’éteint en 1972, après une longue carrière poétique et variée.
⚓ Importance dans l’histoire de l’art
Maurice Sijs occupe une position charnière dans l’art belge du début du XXe siècle :
- Proche de la lignée impressionniste et luministe belge, il contribue à diffuser les harmonies de la lumière et de la couleur.
- Par son appartenance à la deuxième école de Latem, il participe à un mouvement d’avant-garde régional, entre symbolisme et expressionnisme.
- Sa prédilection pour les motifs aquatiques, ses harmonies colorées et la qualité picturale de ses scènes de port font de lui un témoin précieux de l’évolution rurale et maritime.
Malgré une célébrité moindre que celle de ses contemporains, son œuvre reste estimée par les spécialistes, musées et collectionneurs, et continue de vibrer par sa délicatesse lumineuse et son juste équilibre stylistique.
📝 Conclusion
Maurice Sijs est un peintre belge dont la carrière, riche et autonome, s’inscrit dans la continuité d’un héritage impressionniste lumineux, tout en s’ouvrant aux courants modernistes de son temps. Formé à Gand et Anvers, marqué par Latem et les influences de Claus, les De Smet et l’élan expressionniste flamand, il développe un style personnel, lumineux, raffiné. Sa technique variée (huile, aquarelle, encre), son goût pour les ports et la captation de la lumière sur l’eau, et sa capacité à faire vibrer la couleur font de lui une figure sensible et durable dans l’art belge du XXe siècle.
En somme, Sijs mérite d’être redécouvert : tant pour son rôle historique dans la colonie de Latem que pour ses œuvres pleines de clarté, de rythme et de poésie. Un artiste discret, cependant essentiel.
Départ d'un botter
Le verger
Nature morte à l'ail
Paysage avec une botte de foin et l'église de Saint-Martin-Latem, 1906
Le bac sur la Lys
Vue de Veere, 1920
Vue de la Seine et de Notre-Dame
Bûcheron à la Lys
Sources :