La Moustache est un court roman écrit par Emmanuel Carrère, publié en 1986. C’est une œuvre marquante par son étrangeté et son traitement subtil de la perte de repères. Ce livre est souvent classé entre la fiction psychologique et le thriller existentiel.
🌟 Résumé de l’histoire :
Le narrateur, un homme ordinaire, décide un jour, presque sur un coup de tête, de se raser la moustache qu’il porte depuis des années. Il pense que sa femme, Agnès, et ses proches vont réagir à ce changement visible. Mais personne ne semble remarquer quoi que ce soit. Pire encore, quand il en parle à sa femme, elle lui affirme qu’il n’a jamais eu de moustache.
À partir de là, le personnage principal bascule dans une forme de paranoïa et de vertige mental. Il doute de sa mémoire, de sa réalité, de son identité, et même de la santé mentale de sa femme. La frontière entre le réel et le délire devient de plus en plus floue.
🧠 Thèmes principaux :
- La perte d’identité : le roman questionne notre rapport à nous-mêmes et à l’image que nous renvoient les autres.
- La subjectivité de la réalité : Carrère explore comment une simple discordance peut faire vaciller notre perception du réel.
- La folie ordinaire : c’est une exploration de la folie qui ne bascule jamais complètement dans le spectaculaire ; elle reste ancrée dans le quotidien.
- Le couple et la confiance : la relation avec Agnès devient un lieu de doute profond, mettant en question l’intimité la plus proche.
🖋️ Style :
Carrère adopte un style épuré, direct, presque clinique. Il nous plonge dans la subjectivité du narrateur, sans jamais dire clairement ce qui est vrai ou faux. Le malaise s’installe progressivement, sans effet spectaculaire : le suspense naît du quotidien.
🎬 Adaptation :
Emmanuel Carrère a lui-même adapté son roman au cinéma en 2005, sous le même titre La Moustache, avec Vincent Lindon et Emmanuelle Devos. Le film conserve cette atmosphère troublante et le flou entre rêve et réalité.
🧩 Lecture possible :
Certains lecteurs interprètent le roman comme une métaphore de la dépression ou de la crise identitaire, tandis que d’autres y voient un jeu littéraire sur la perception et la narration. Le roman ne donne jamais de réponse claire, ce qui en fait toute sa force.