Le regard descend comme une barque lente. D’abord la ligne claire du ciel, jaune pâle, presque ancien, puis la morsure bleue des montagnes, posées là comme une pensée stable.
Le lac s’étale, large et calme, mais son calme n’est qu’une peau. Il garde des voix dessous. Une île flotte, sombre et ramassée. Elle n’appelle pas, elle attend. Autour d’elle, l’eau se souvient de tout ce qu’elle a vu passer.
Plus bas encore, la forêt n’est plus forêt. Elle coule. Les troncs deviennent des flammes lentes, des algues verticales, des corps debout qui ont oublié le ciel. Les couleurs s’emmêlent, vert, rouille, nuit, comme si la terre respirait à l’envers.
On comprend alors que le paysage n’est pas coupé en deux. Le haut regarde. Le bas rêve.
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