Jennifer Bartlett est née le 14 mars 1941 à Long Beach, en Californie, et elle est décédée en juillet 2022. Dès son enfance, elle montre un intérêt pour l'art, ce qui l’amène à entreprendre des études artistiques.
Vie et parcours
Elle obtient son bachelor of arts au Mills College à Oakland, puis elle poursuit une formation en beaux-arts à la Yale School of Art, une école alors influencée par le modernisme abstrait, où elle étudie sous la direction de professeurs comme Josef Albers. Cette formation l’amène à développer un vocabulaire visuel mêlant discipline géométrique et sensibilité personnelle.
Cours suivis et formation
À Yale, Jennifer Bartlett est confrontée à une rigueur formelle intense. Elle apprend les bases du minimalisme, de l’abstraction et de la théorie de la couleur selon Albers, mais elle ne s’y limite pas. Elle est influencée par les principes de la grille, de la répétition et de la structure mathématique, qu'elle réinterprétera plus tard de façon très personnelle. C’est à Yale aussi qu’elle commence à se questionner sur les limites de la peinture et sur la manière de la renouveler.
Style et influences
Bartlett est souvent classée dans les mouvements post-minimalistes et conceptuels, mais son œuvre dépasse ces étiquettes. Elle développe très tôt un style personnel combinant l’aspect systématique du minimalisme avec la narration, l’émotion et l’imagerie figurative.
Une de ses marques de fabrique est l'utilisation de plaques d'acier émaillées quadrillées (comme du papier millimétré), sur lesquelles elle peint avec de l’émail. Cela donne un aspect à la fois industriel et personnel à ses œuvres. L’exemple le plus célèbre de ce style est "Rhapsody" (1975–76), une œuvre monumentale composée de 987 plaques, mêlant formes abstraites, maisons, arbres, chiffres, couleurs et symboles dans une vaste symphonie visuelle.
Ses influences vont de Sol LeWitt (pour la systématicité) à Cézanne (pour l’attention à la nature et à la structure) en passant par l’art japonais, le pop art, et même l’art naïf dans certains aspects de sa figuration.
Technique
Bartlett est connue pour son travail sur différents supports : peinture, dessin, gravure, sculpture, et installations. Elle mêle souvent le dessin et la peinture, l'abstraction et la figuration, l'art conceptuel et l'émotion, avec une volonté de rendre l’art à la fois intellectuel et accessible.
Elle utilise des séries pour explorer une idée sous différentes facettes, ce qui rappelle les variations musicales. Son approche consiste souvent à poser une règle, un système, puis à le perturber ou l’interroger, ce qui lui permet de parler de l’expérience humaine, de la mémoire, du temps, ou de la perception.
Importance dans l'histoire de l’art
Jennifer Bartlett est une figure charnière entre les grands courants de l’art américain d’après-guerre : elle fait le pont entre le minimalisme rigide et l’expression plus subjective du postmodernisme. Son travail a ouvert la voie à une reconnaissance plus large des femmes artistes dans les années 70 et 80, dans un milieu encore très masculin.
"Rhapsody" est considérée comme l’une des œuvres fondatrices du postmodernisme pictural américain. Elle a aussi été une des premières à intégrer des matériaux industriels dans la peinture tout en conservant une touche personnelle et narrative.
Conclusion
Jennifer Bartlett a su marier le langage froid des systèmes et la chaleur de l'expérience humaine. Artiste inclassable, elle a bâti une œuvre à la fois méthodique et poétique, où chaque tableau est un fragment d’un discours plus vaste sur l’art, la mémoire et la vie. Par son style unique et sa capacité à défier les catégories, elle a marqué de son empreinte l’histoire de l’art contemporain, et continue d’inspirer de nombreux artistes aujourd’hui.

Connecticut, 4 septembre 1996, exécuté en 1996

Décembre, Amagansett #17, exécuté en 2002

Feu d'artifice terrestre, 1996

House I, 2003

House, Dots, Hatches, 1999

Houses, 2005

Sans titre (horizon nocturne), 2008

Bateau jaune, peint en 1984
Sources :