Albert Marquet et la Suisse — Krigou Art - la collection de tableaux de Krigou Christian Schnider

Il a notamment peint des paysages de Genève et du lac Léman. Son approche, qui privilégiait la lumière et la simplicité des compositions, s’accordait bien avec les paysages lacustres et montagneux suisses.

Marquet était attiré par les reflets de l’eau et les atmosphères brumeuses, ce qui correspondait parfaitement aux scènes qu'il pouvait observer en Suisse. Il a réalisé plusieurs toiles représentant les rives du lac Léman, capturant l'équilibre subtil entre les masses d’eau, les montagnes et l’architecture locale.

Son travail en Suisse reste cependant moins connu que ses œuvres parisiennes ou méditerranéennes, mais il témoigne de son attrait pour la diversité des paysages européens et de sa quête constante de nouvelles lumières et atmosphères à immortaliser.

Le 23 janvier 1936, Paul Vallotton, fondateur de la galerie lausannoise éponyme, décède alors qu’il est en conversation téléphonique à propos d’une exposition de paysages de Marquet qu’il prévoit de présenter en mai. L’année précédente, il avait déjà exposé en septembre des aquarelles de l’artiste et organisé pour lui un séjour à Lausanne prévu pour octobre. Le peintre et son épouse Marcelle ne feront le voyage que fin décembre 1935, après l’avoir retardé plusieurs fois. Marquet vient chercher en Suisse cette neige dont il déplore qu’elle tombe en trop faible quantité à Paris, où elle recouvre à peine les toits des bâtiments et disparaît après le passage des voitures, l’empêchant souvent de représenter la réverbération de la lumière, l’atmosphère, mais aussi la topographie métamorphosée de ses motifs privilégiés, parmi lesquels la cathédrale Notre-Dame de Paris.

« Soyez assez aimable pour nous indiquer l’hôtel avec la vue où nous pourrions descendre », écrit-il à Paul Vallotton. On l’installe à l’Hôtel Belvédère qui offre une belle échappée sur le paysage lémanique. Hélas, le temps est épouvantable. De sa fenêtre, en attendant de partir début 1936 pour Crans-sur-Sierre, puis pour Davos où il pourra enfin peindre des paysages sous la neige, Marquet réalise plusieurs œuvres rapidement brossées sur un support rigide de petit format, des vues d’un lac devant lequel s’étagent les toits de la ville recouverts d’une fine pellicule de neige. L’horizon est doublement bouché, à la fois par les montagnes dont on n’aperçoit que les sommets et par les épais nuages bas, comme posés au-dessus de l’étendue d’eau bleu-gris. Ce panorama, nouveau pour lui, est traité avec le même dépouillement et la même synthétisation des formes qui président à l’ensemble de ses compositions.