La rivière claire serpente au premier plan, traçant une phrase lente à travers la vallée assombrie.

La neige s’attarde sur les toits colorés comme une lumière posée trop longtemps. Le chemin, encore humide de glace fondue, serpente entre les maisons silencieuses et invite à une marche lente.

Le village sommeille sous la neige, recueilli comme un secret ancien que l’hiver protège.

La plaine s’étend, large et tranquille, sous un ciel gonflé de nuages lents, pareils à de lourdes pensées qui passent sans se presser.

La Métamorphose est un court roman vertigineux, à la fois simple dans sa forme et abyssal dans ce qu’il remue.

Le vent venait de la mer, franc et salé, comme un souffle qui aurait longuement voyagé. Il courait sur l’herbe grasse du plateau, y pliait les tiges, y froissait les couleurs, puis montait vers le ciel où les nuages, larges et légers, semblaient jouer à se poursuivre.

La nuit est montée depuis l’eau. Une nuit londonienne, lourde, cuivre et charbon, qui ne tombe pas mais s’installe. La Tamise glisse sans bruit, large et sombre, froissant les lumières comme des lettres qu’on relit trop souvent.

Le regard descend comme une barque lente. D’abord la ligne claire du ciel, jaune pâle, presque ancien, puis la morsure bleue des montagnes, posées là comme une pensée stable.

La rivière serpente au fond de la vallée, claire et souple, dessinant un chemin vivant entre les terres. Elle capte la lumière, la brise.

Roger Mühl est un peintre français majeur de la seconde moitié du XXᵉ siècle, reconnu pour ses paysages lumineux du Sud, à la frontière de l’abstraction et de la figuration.

Le ciel n’est pas au-dessus. Il descend, il touche, il s’étale comme une pensée trop vaste pour rester suspendue.

Je marche le long de la route, qui n’a rien demandé et qui accepte pourtant mes pas. Elle se laisse suivre avec une bonté tranquille, comme si elle savait que je ne vais nulle part d’important.

Je me tiens là, sans raison précise, et cela me suffit. Devant moi, les maisons regardent la mer comme on regarde un ami très ancien, avec une confiance discrète et sans élan excessif.

Un chemin labouré fend les champs gorgés d’eau, strié de reflets pâles et de terre sombre.

Sous les arches sombres de l’église, une foule compacte s’étire comme un champ de silhouettes.